Auteurs: Toni Cela & Olriche Fortin
Centre Migration pour l’Égalité et le Développement (MIDEQ), Institut Interuniversitaire de Recherche et Développement (INURED), Port-au-Prince, Haïti
La pandémie COVID-19 a tiré la sonnette d'alarme pour beaucoup. Au fil des jours, nous constatons l'importance des filets de sécurité sociale tels que l'éducation et l'accès aux soins de santé, comment les environnements construits et naturels peuvent faciliter ou nuire à la santé, et comment un leadership efficace peut sauver des vies. Plus important encore, malgré les nombreuses frontières érigées pour nous séparer les nations, cette pandémie nous rappelle l'interdépendance de l'humanité.
Centre Migration pour l’Égalité et le Développement (MIDEQ), Institut Interuniversitaire de Recherche et Développement (INURED), Port-au-Prince, Haïti
La pandémie COVID-19 a tiré la sonnette d'alarme pour beaucoup. Au fil des jours, nous constatons l'importance des filets de sécurité sociale tels que l'éducation et l'accès aux soins de santé, comment les environnements construits et naturels peuvent faciliter ou nuire à la santé, et comment un leadership efficace peut sauver des vies. Plus important encore, malgré les nombreuses frontières érigées pour nous séparer les nations, cette pandémie nous rappelle l'interdépendance de l'humanité.
Bien que nous soyons connectés en tant qu'êtres humains, il existe des différences claires dans la façon dont nous vivons cette crise de santé. Ces expériences sont influencées autant par la biologie, nos comportements individuels, la configuration de nos communautés locales, l'environnement dans lequel nous vivons, la politique et les systèmes de santé que par les histoires locales, les processus sociopolitiques et culturels. Cette crise nous rappelle également comment les disparités en matière de santé entre les riches et les pauvres sont ancrées dans toutes les sociétés, y compris dans les pays plus riches. Pourtant, si le manque de volonté politique peut expliquer l'échec de l'extension de la couverture de santé aux plus vulnérables de la société, les pays du Sud doivent également faire face à des contraintes de ressources, tant matérielles qu'humaines, qui rendent l'accès aux soins de santé, même de base, assez difficile. Ainsi, des crises telles que l'Ebola, MERS, SRAS, H5N1, nous offrent des opportunités de remettre en question l'idée de la santé en tant qu'investissements fondés sur le profit. C'est en ce moment que nous devons considérer l'accès à la santé non seulement comme un droit humain mais aussi comme un élément essentiel du développement humain et de la sécurité humaine. Tout au moins, COVID-19 a placé notre santé et notre bien-être entre les mains de la famille, des amis, des voisins et des étrangers dont la décision de prendre l'avion, de porter un masque ou des gants ou de se laver les mains peut déterminer si nous devenons infectés ou non. Cependant, reconnaître la santé comme un enjeu de sécurité humaine et de développement humain exige que nous élargissions nos définitions de la citoyenneté et de ce que cela devrait impliquer - aux niveaux local, national et mondial - et réexaminions notre relation avec notre environnement naturel. Bien que cette reconnaissance remette en question les prémisses conventionnelles qui régissent la politique de santé et les systèmes de santé dans de nombreux pays du Nord, elle reste la propriété de ceux du Sud, où les « damnés de la terre » (Pour paraphraser Frantz Fanon) sont coincés dans des communautés marginalisées, sinon exclues ou forcés de migrer dans une quête perpétuelle pour gagner leur vie, rechercher le respect et la dignité humaine (Davis, 2006 ; Merrifield, 2014).
Pour de nombreux migrants issus des pays du Sud, les limites de la citoyenneté à un endroit et les opportunités offertes aux citoyens (et aux résidents) à un autre sont souvent au cœur de la décision de migrer. Les migrants recherchent de meilleures opportunités d'éducation, de meilleures perspectives d'emploi, à l'abri des formes de violence et des inégalités politiques, structurelles et autres, ainsi que l'accès aux services sociaux tels que les soins de santé. C'est certainement le cas de nombreux migrants haïtiens à l'étranger et de leurs familles en Haïti qui ont enduré l'échec du contrat social entre l'État et ses citoyens pendant plus de deux siècles. L’incapacité de l’État à fournir des filets de sécurité sociale à sa population a suscité la méfiance et le dédain de ses citoyens. Les Haïtiens attendent peu de leur gouvernement et lorsque ce gouvernement exerce un semblant de leadership, il est considéré avec suspicion.
Le 19 mars 2020, les deux premiers cas connus d'infection au COVID-19 ont été annoncés lors d'une allocution publique du président Jovenel Moïse, mais peu de détails ont été fournis. Le président Moïse allait immédiatement déclaré l'état d'urgence national pour une période d'un mois, fermant les établissements d'enseignement et les usines tout en instituant un couvre-feu national de 20h à 5h, depuis le 20 mars 2020 (Senat, 2020). La frontière haïtiano-dominicaine est fermée, la circulation des migrants a été interrompue, bien que les marchandises aient pu circuler entre les deux pays et les vols commerciaux ont été suspendus (Charles, 2020).
Le 27 mars, le Premier ministre de facto Joseph Jouthe a annoncé la création d'un comité scientifique de 14 membres, dont le mandat est de « collecter et traiter les données relatives au COVID19 et faire des recommandations au gouvernement sur les mesures de santé » (Geffrard, 2020a). En outre, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) a lancé une campagne de sensibilisation via les réseaux sociaux, la télévision, la radio et les communiqués de presse pour informer la population des mesures préventives et l'informer des taux d'infection et de mortalité (MSPP, 2020b). Début avril, le président a encouragé les Haïtiens à porter des masques en public tandis que le Premier ministre a annoncé la distribution de 21 millions de masques à travers le pays, dont certains seraient fabriqués par 10 usines en Haïti (Geffrard, 2020b). Cependant, plus d’mois après, ces masques n'étaient pas encore disponibles. Il a fallu attendre un communiqué signé par le Premier ministre Joseph Jouthe en date du 30 avril 2020, pour que le gouvernement réitére le port obligatoire du masque dans les lieux publics sous peine de sanctions, et ceci, à partir du 11 mai (Le Nouvelliste, 2020). Pour ceux qui ont un service de téléphonie cellulaire de la société de télécommunications Digicel, un message permanent apparaît sur leurs écrans et dit : « Lavez-vous les mains » en créole haïtien. À ce jour, aucune décision rendant le confinement obligatoire n’a été prise et la distanciation sociale a joué un rôle mineur dans les stratégies visant à diminuer la propagation du COVID-19 en Haïti. À la mi-avril, il y avait 935 cas suspects de COVID-19. Le MSPP a confirmé 85 infections, 8 personnes ont perdu la vie (MSPP, 2020). Bien que les chiffres rapportés semblent faibles, ils reflètent probablement une capacité de test limitée et la réticence des Haïtiens éprouvant des symptômes à demander un test de dépistage dans un système de santé qui, historiquement, n'a pas réussi à les servir adéquatement.
Pour beaucoup dans les pays du Nord, cette pandémie a sensibilisé, sinon conscientisé en ce qui a trait à la vulnérabilité des citoyens, aux disparités économiques et à l'impact de l'environnement sur la santé humaine. L’impact de la pandémie sur la vie quotidienne des populations, la perturbation et l’incertitude persistante ont révélé certains des facteurs structurels qui rendent la santé ou un mode de vie sain possible pour certains et presque impossible pour d’autres. Dans les pays en proie à l’instabilité politique, sociale et / ou économique, comme Haïti, la vulnérabilité définit les expériences quotidiennes. Plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et un peu moins d'un quart vivent dans l'extrême pauvreté (Banque mondiale, 2020). Vingt pour cent de la population est analphabète, car un tiers des Haïtiens n'ont pas terminé leurs études primaires ou n'ont jamais fréquenté l'école (IHE et ICF, 2018).
En Haïti, la distanciation sociale en tant que stratégie d'atténuation serait un défi à appliquer car la proximité physique caractérise notre vie quotidienne. La taille moyenne des ménages est de 4,3 membres (IHE & ICF, 2018). Le système de transport « public», qui est en fait privé et largement non réglementé, est souvent surpeuplé avec aucune limitation de capacité maximum établie et rarement, voire jamais, des formes de sanctions sont appliquées. Le moyen de transport le plus courant en Haïti, le mototaxi (un taxi-moto), peut être vu entrain de transporter entre un passager à quatre, sans compter son chauffeur. Lorsque les annonces officielles des premiers cas d'infection au COVID-19 ont été faites, les Haïtiens ont immédiatement commencé à paniquer. Les supermarchés, toujours un luxe que l'on ne trouve que dans les beaux quartiers de Port-au-Prince et de Pétion-Ville, ont été inondés de monde. Cependant, la plupart des familles haïtiennes achètent de la nourriture sur les marchés en plein air qui vendent les produits locaux les plus frais et les moins chers. Les marchés de rue sont généralement animés de gens - vendeurs, consommateurs, ainsi que des curieux - engagés dans des négociations agréables, des marchandages intenses et / ou des conversations avec des camarades. Bon nombre de ces marchés de rue sont stratégiquement positionnés à côté des artères principales pour accueillir les piétons et les passagers des véhicules. Pourtant, les mauvaises infrastructures d'Haïti (DINEPA, 2013; Gelting et al., 2013; IDB, 2009; MTPTC, 2017) font de ces marchés une menace pour la santé publique car les véhicules libèrent la poussière des routes endommagées et non pavées tout en émettant du carburant diesel. De plus, les systèmes de collectes d’eaux usées déjà en mauvais états, sont souvent bloques laissant des odeurs putrides flotter dans l'air. À partir de ces facteurs sociaux, nous pouvons apercevoir certains des défis de l'application des mesures de distanciation sociale dans ce contexte et nous pouvons également voir comment la propagation de ce virus sera difficile à contenir en Haïti.
La vulnérabilité aggravante est le manque d'accès aux toilettes et à l'eau potable (IHE & ICF, 2018; INURED, 2017). Une enquête gouvernementale auprès des ménages menée entre 2016 et 2017 a observé que seulement un quart des ménages haïtiens avaient accès au savon et à l'eau pour se laver les mains, 12% n'avaient accès qu'à l'eau tandis que la majorité des Haïtiens, 60%, n'avaient pas accès à l'eau potable, du savon ou tout autre agent de nettoyage (IHE & ICF, 2018). Comme seulement 4% des Haïtiens ont une assurance médicale (ibid), la majorité de la population doit payer de sa poche pour des services limitant ainsi l'accès à des soins de santé de qualité (Gage et al., 2017). Enfin, l'insécurité alimentaire est devenue une menace croissante affectant la nutrition, résultat de l'érosion des terres due à la dégradation de l'environnement aggravée par le changement climatique (CNSA, 2012). L'insécurité alimentaire ayant modifié le régime alimentaire haïtien au fil du temps, le rendant moins équilibré, la prévalence de certaines affections telles que le diabète, l'hypertension et les maladies cardiovasculaires, a considérablement augmenté.
Que se passera-t-il une fois le virus se propage en Haïti, en supposant que ce n’est pas déjà le cas ? Comment encourager la distanciation sociale dans ce contexte ? Quel type de message est nécessaire dans une telle circonstance ? Pourquoi les citoyens haïtiens devraient-ils faire confiance à un gouvernement qui n'a pas représenté leurs intérêts ou institué un contrat social viable ? Comment un gouvernement qui manque de légitimité déploie-t-il le leadership nécessaire pour protéger et, finalement, sauver des vies humaines ? Ce sont quelques-uns des problèmes immédiats avec lesquels Haïti se débat alors qu'il essaie d'encourager l'adoption de stratégies d'atténuation et d'empêcher la propagation d'un virus potentiellement mortel. Pourtant, des mois de bouleversements politiques, plusieurs années de bouleversements économiques, plus d'une décennie de catastrophes naturelles et d'origine humaine déstabilisantes et mortelles (par exemple, le choléra), et la dégradation de l'environnement remontant à la période coloniale, servent de toile de fond à cette pandémie faisant du COVID-19 le dernier d'une liste en cours de défis auxquels Haïti est confrontée. Ces défis ont marqué la vie quotidienne du peuple haïtien : manifestations qui ferment des écoles et des entreprises pendant des mois, faim et émeutes de la faim, taux de chômage en flèche, déplacements et décès causés par des catastrophes, ainsi que de nombreux coups d’État. Une pandémie dans laquelle on vous « demande » de porter des masques et de vous laver les mains lorsque vous ne pouvez pas vous le permettre et, dans certains cas, de ne pas avoir accès à l'un ou l'autre simplement ne représente rien par rapport à d'autres crises. Beaucoup, malheureusement, croient que la pandémie est une tactique de distraction employée par un gouvernement illégitime. Et beaucoup seront infectés et perdront peut-être leur vie en raison d'un tel scepticisme.
Pourtant, à la fin, les Haïtiens seront crédités pour leur « résilience ». La résilience a peu de valeur lorsque la survie est tout ce à quoi vous pouvez aspirer. Cela peut conduire à la complaisance, voire à la démission. Haïti n'est pas unique à cet égard, de nombreux pays du Sud ont enduré le côté perdant de la modernité, du capitalisme et de la mondialisation. Une pandémie comme celle-ci a beaucoup moins de « valeur de choc » lorsque vous avez survécu au génocide, à la guerre, à la famine, aux programmes d'ajustements structurels, à l'épidémie de VIH/sida, aux tremblements de terre et à d'autres catastrophes. Il y a moins à craindre quand vous avez si peu à perdre.
Pourtant, pour ceux du Nord qui ont vécu une vie de privilèges (même relatifs), cette pandémie a le potentiel de bouleverser la vie telle qu’ils en sont venus à la connaître. De nombreuses puissances capitalistes, comme les États-Unis, doivent faire face à la menace du chômage qui peut très rapidement conduire à la faillite et à la pauvreté. Même parmi les social-démocraties d'Europe, le changement de style de vie que cette santé et la catastrophe économique qui en résultera entraînera pour beaucoup est tout à fait inimaginable. Le niveau de précarité, d'instabilité et d'incertitude fait peur en raison de sa nouveauté. Les crises ou catastrophes, comme celles-ci, sont censées se produire dans des terres éloignées et, éventuellement, dans des communautés pauvres et marginalisées peuplées par des gens de ces mêmes terres éloignées. Ironiquement, il s'agit d'une des rares fois dans l'histoire où les migrants et les travailleurs pauvres ont été reconnus comme des « travailleurs essentiels » malgré le caractère indispensable de leur travail. Ils ont été appelés à devoir mettre leur vie en danger car ils n'ont pas le luxe de travailler à distance. De telles crises ne sont pas censées se produire dans les sociétés modernes et avancées. Pourtant, ici, nous vivons tous ensemble vulnérabilité et incertitude.
Maintenant que la catastrophe est à la porte de tous, elle est un signal d'alarme pour ceux qui ont profité de la mondialisation mais n'ont jamais eu à compter avec son bilan quotidien sur la vie humaine. Nous vivons une vulnérabilité collective ; la plupart d'entre nous sont confrontés à la menace d'une infection avec une possibilité limitée de tests, il y a une ruée mondiale pour les ventilateurs et la pénurie d'équipements de protection individuelle (EPI) a fait de tous les hôpitaux des sites à risque. Des mois d'incertitude nous attendent alors que nous attendons avec impatience un vaccin pour mettre fin à ce cauchemar. Les frontières sont floues entre les pays développés et les pays en développement.
Ce qui nous attend tous, au Nord comme au Sud, est l'occasion de réexaminer le paradigme du développement véhiculé par les forces du capitalisme mondial et de son « ordre mondial » ainsi que nos rôles dans celui-ci. C'est dans ces moments critiques de « vie et de mort » que nos valeurs fondamentales sont révélées. La manière dont les gouvernements répondent aux besoins des citoyens, la manière dont nous traitons nos voisins (dans nos communautés, les migrants dans nos pays et les pays avec lesquels nous partageons des frontières) et la façon dont nous habitons le monde à partir de ce moment nous révéleront notre véritable identité. C'est notre chance de mettre fin aux souffrances humaines inutiles et de créer un nouveau cadre pour le développement humain et la croyance en matière de droits des citoyens du monde. Les conséquences de faire autrement seraient inimaginables.
Bibliographie
Charles, J. (2020, April 20). Haiti confirms COVID-19, closes airports to all flights | Miami
Herald. Miami Herald. Retrieved from https://amp.miamiherald.com/news/nation-
world/world/americas/haiti/article241362616.html?__twitter_impression=true
Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA). (2012). Haiti: Perspective sur la sécurité alimentaire. Port-au-Prince: Gouvernement d’Haïti.
Davis, M. (2006). Planet of Slum. London: Verso.
DINEPA (National Directorate for Water Supply and Sanitation). (2013). National plan for the elimination of cholera in Haiti, 2013-2022. Port-au-Prince: Ministry of Public Health and Population.
Gage, A.D., Leslie, H.H., Bitton, A., Jerome, J.G., Thermidor, R., Joseph, J.P. and Kruk, M.E. (2017). Assessing the quality of primary care in Haiti. Bulletin of the World Health Organization, 95: 182-190. http://dx.doi.org/10.2471/BLT.16.179846.
Geffrard, R. (2020a, March 27). Le gouvernement crée une cellule scientifique pour lutter contre le coronavirus. Le Nouvelliste. Retrieved at: https://lenouvelliste.com/article/214134/le-
gouvernement-cree-une-cellule-scientifique-pour-lutter-contre-le-
coronavirus/amp?__twitter_impression=true
Geffrard, R. (2020b, April 14). Le port du masque est “indispensable” aujourd’hui, selon Jovenel. Retrieved at : https://lenouvelliste.com/article/214843/le-port-du-masque-est-indispensable-aujourdhui-selon-jovenel-moise.
Gelting, R., Bliss, K., Patrick, M., Lockhart, G., and Handzel, T. (2013). Water, sanitation and hygiene in Haiti: Past, present, and future. American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, 89(4): 665-670.
Institut Haïtien de l’Enfance (IHE) et ICF. (2018). Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS-VI 2016-2017) Pétion-Ville, Haïti, et Rockville, Maryland: IHE et ICF.
Inter-American Development Bank (IDB). (2009). Haiti Invests Heavily in Rebuilding Roads. Retrieved from: https://www.iadb.org/en/news/webstories/2009-04-13/haiti-invests-heavily-in-rebuilding-roads,5339.html
Interuniversity Institute for Research and Development (INURED). (2017). After Hurricane Matthew: Resources, Capacities, and Pathways to Recovery and Reconstruction of Devastated Communities in Haiti. Retrieved at: http://www.inured.org/uploads/2/5/2/6/25266591/reportonline__051117.pdf.
Le Nouvelliste (2020). https://lenouvelliste.com/article/215638/le-gouvernement-jouthe-rend-obligatoire-le-port-du-masque-dans-les-lieux-publics-sous-peine-de-sanctions. Publié le 2020-05-03.
McMichael, A.J. (2013). Globalization, climate change and human health. New England Journal of Medicine, 368(14):1335-43.
Merrifield, A. (2014). The New Urban Question. London: Pluto Press.
Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). (2020a). Avi-17: 41 Ka Konfime nan Peyi Dayiti. Port-au-Prince: Gouvernement d’Haïti.
Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). (2020b). Plan de Preparation et de Reponse du MSPP au Coronavirus. Retrieved from
https://mspp.gouv.ht/site/downloads/Plan de Préparation et de Réponse du MSPP au
CoronaVirus.pdf
Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (MTPTC). (2017). Les transports. Retrieved on March 5, 2019 at: http://www.mtptc.gouv.ht/accueil/les-defis/page_transports.html
Moise, J. (2020). Le Nouvelliste. Retrieved from: https://lenouvelliste.com/article/214843/le-port-du-masque-est-indispensable-aujourdhui-selon-jovenel-moise
Sénat, J. D. (2020). Coronavirus : 2 cas confirmés en Haïti, Jovenel Moïse décrète
l’état d’urgence sanitaire. Le Nouvelliste. Retrieved from
https://lenouvelliste.com/article/213751/coronavirus-2-cas-confirmes-en-haiti-jovenel-moise-decrete-letat-durgence-sanitaire/amp
World Bank. (2020). Haiti at a Glance. Retrieved from: https://www.worldbank.org/en/country/haiti/overview
Pour de nombreux migrants issus des pays du Sud, les limites de la citoyenneté à un endroit et les opportunités offertes aux citoyens (et aux résidents) à un autre sont souvent au cœur de la décision de migrer. Les migrants recherchent de meilleures opportunités d'éducation, de meilleures perspectives d'emploi, à l'abri des formes de violence et des inégalités politiques, structurelles et autres, ainsi que l'accès aux services sociaux tels que les soins de santé. C'est certainement le cas de nombreux migrants haïtiens à l'étranger et de leurs familles en Haïti qui ont enduré l'échec du contrat social entre l'État et ses citoyens pendant plus de deux siècles. L’incapacité de l’État à fournir des filets de sécurité sociale à sa population a suscité la méfiance et le dédain de ses citoyens. Les Haïtiens attendent peu de leur gouvernement et lorsque ce gouvernement exerce un semblant de leadership, il est considéré avec suspicion.
Le 19 mars 2020, les deux premiers cas connus d'infection au COVID-19 ont été annoncés lors d'une allocution publique du président Jovenel Moïse, mais peu de détails ont été fournis. Le président Moïse allait immédiatement déclaré l'état d'urgence national pour une période d'un mois, fermant les établissements d'enseignement et les usines tout en instituant un couvre-feu national de 20h à 5h, depuis le 20 mars 2020 (Senat, 2020). La frontière haïtiano-dominicaine est fermée, la circulation des migrants a été interrompue, bien que les marchandises aient pu circuler entre les deux pays et les vols commerciaux ont été suspendus (Charles, 2020).
Le 27 mars, le Premier ministre de facto Joseph Jouthe a annoncé la création d'un comité scientifique de 14 membres, dont le mandat est de « collecter et traiter les données relatives au COVID19 et faire des recommandations au gouvernement sur les mesures de santé » (Geffrard, 2020a). En outre, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) a lancé une campagne de sensibilisation via les réseaux sociaux, la télévision, la radio et les communiqués de presse pour informer la population des mesures préventives et l'informer des taux d'infection et de mortalité (MSPP, 2020b). Début avril, le président a encouragé les Haïtiens à porter des masques en public tandis que le Premier ministre a annoncé la distribution de 21 millions de masques à travers le pays, dont certains seraient fabriqués par 10 usines en Haïti (Geffrard, 2020b). Cependant, plus d’mois après, ces masques n'étaient pas encore disponibles. Il a fallu attendre un communiqué signé par le Premier ministre Joseph Jouthe en date du 30 avril 2020, pour que le gouvernement réitére le port obligatoire du masque dans les lieux publics sous peine de sanctions, et ceci, à partir du 11 mai (Le Nouvelliste, 2020). Pour ceux qui ont un service de téléphonie cellulaire de la société de télécommunications Digicel, un message permanent apparaît sur leurs écrans et dit : « Lavez-vous les mains » en créole haïtien. À ce jour, aucune décision rendant le confinement obligatoire n’a été prise et la distanciation sociale a joué un rôle mineur dans les stratégies visant à diminuer la propagation du COVID-19 en Haïti. À la mi-avril, il y avait 935 cas suspects de COVID-19. Le MSPP a confirmé 85 infections, 8 personnes ont perdu la vie (MSPP, 2020). Bien que les chiffres rapportés semblent faibles, ils reflètent probablement une capacité de test limitée et la réticence des Haïtiens éprouvant des symptômes à demander un test de dépistage dans un système de santé qui, historiquement, n'a pas réussi à les servir adéquatement.
Pour beaucoup dans les pays du Nord, cette pandémie a sensibilisé, sinon conscientisé en ce qui a trait à la vulnérabilité des citoyens, aux disparités économiques et à l'impact de l'environnement sur la santé humaine. L’impact de la pandémie sur la vie quotidienne des populations, la perturbation et l’incertitude persistante ont révélé certains des facteurs structurels qui rendent la santé ou un mode de vie sain possible pour certains et presque impossible pour d’autres. Dans les pays en proie à l’instabilité politique, sociale et / ou économique, comme Haïti, la vulnérabilité définit les expériences quotidiennes. Plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et un peu moins d'un quart vivent dans l'extrême pauvreté (Banque mondiale, 2020). Vingt pour cent de la population est analphabète, car un tiers des Haïtiens n'ont pas terminé leurs études primaires ou n'ont jamais fréquenté l'école (IHE et ICF, 2018).
En Haïti, la distanciation sociale en tant que stratégie d'atténuation serait un défi à appliquer car la proximité physique caractérise notre vie quotidienne. La taille moyenne des ménages est de 4,3 membres (IHE & ICF, 2018). Le système de transport « public», qui est en fait privé et largement non réglementé, est souvent surpeuplé avec aucune limitation de capacité maximum établie et rarement, voire jamais, des formes de sanctions sont appliquées. Le moyen de transport le plus courant en Haïti, le mototaxi (un taxi-moto), peut être vu entrain de transporter entre un passager à quatre, sans compter son chauffeur. Lorsque les annonces officielles des premiers cas d'infection au COVID-19 ont été faites, les Haïtiens ont immédiatement commencé à paniquer. Les supermarchés, toujours un luxe que l'on ne trouve que dans les beaux quartiers de Port-au-Prince et de Pétion-Ville, ont été inondés de monde. Cependant, la plupart des familles haïtiennes achètent de la nourriture sur les marchés en plein air qui vendent les produits locaux les plus frais et les moins chers. Les marchés de rue sont généralement animés de gens - vendeurs, consommateurs, ainsi que des curieux - engagés dans des négociations agréables, des marchandages intenses et / ou des conversations avec des camarades. Bon nombre de ces marchés de rue sont stratégiquement positionnés à côté des artères principales pour accueillir les piétons et les passagers des véhicules. Pourtant, les mauvaises infrastructures d'Haïti (DINEPA, 2013; Gelting et al., 2013; IDB, 2009; MTPTC, 2017) font de ces marchés une menace pour la santé publique car les véhicules libèrent la poussière des routes endommagées et non pavées tout en émettant du carburant diesel. De plus, les systèmes de collectes d’eaux usées déjà en mauvais états, sont souvent bloques laissant des odeurs putrides flotter dans l'air. À partir de ces facteurs sociaux, nous pouvons apercevoir certains des défis de l'application des mesures de distanciation sociale dans ce contexte et nous pouvons également voir comment la propagation de ce virus sera difficile à contenir en Haïti.
La vulnérabilité aggravante est le manque d'accès aux toilettes et à l'eau potable (IHE & ICF, 2018; INURED, 2017). Une enquête gouvernementale auprès des ménages menée entre 2016 et 2017 a observé que seulement un quart des ménages haïtiens avaient accès au savon et à l'eau pour se laver les mains, 12% n'avaient accès qu'à l'eau tandis que la majorité des Haïtiens, 60%, n'avaient pas accès à l'eau potable, du savon ou tout autre agent de nettoyage (IHE & ICF, 2018). Comme seulement 4% des Haïtiens ont une assurance médicale (ibid), la majorité de la population doit payer de sa poche pour des services limitant ainsi l'accès à des soins de santé de qualité (Gage et al., 2017). Enfin, l'insécurité alimentaire est devenue une menace croissante affectant la nutrition, résultat de l'érosion des terres due à la dégradation de l'environnement aggravée par le changement climatique (CNSA, 2012). L'insécurité alimentaire ayant modifié le régime alimentaire haïtien au fil du temps, le rendant moins équilibré, la prévalence de certaines affections telles que le diabète, l'hypertension et les maladies cardiovasculaires, a considérablement augmenté.
Que se passera-t-il une fois le virus se propage en Haïti, en supposant que ce n’est pas déjà le cas ? Comment encourager la distanciation sociale dans ce contexte ? Quel type de message est nécessaire dans une telle circonstance ? Pourquoi les citoyens haïtiens devraient-ils faire confiance à un gouvernement qui n'a pas représenté leurs intérêts ou institué un contrat social viable ? Comment un gouvernement qui manque de légitimité déploie-t-il le leadership nécessaire pour protéger et, finalement, sauver des vies humaines ? Ce sont quelques-uns des problèmes immédiats avec lesquels Haïti se débat alors qu'il essaie d'encourager l'adoption de stratégies d'atténuation et d'empêcher la propagation d'un virus potentiellement mortel. Pourtant, des mois de bouleversements politiques, plusieurs années de bouleversements économiques, plus d'une décennie de catastrophes naturelles et d'origine humaine déstabilisantes et mortelles (par exemple, le choléra), et la dégradation de l'environnement remontant à la période coloniale, servent de toile de fond à cette pandémie faisant du COVID-19 le dernier d'une liste en cours de défis auxquels Haïti est confrontée. Ces défis ont marqué la vie quotidienne du peuple haïtien : manifestations qui ferment des écoles et des entreprises pendant des mois, faim et émeutes de la faim, taux de chômage en flèche, déplacements et décès causés par des catastrophes, ainsi que de nombreux coups d’État. Une pandémie dans laquelle on vous « demande » de porter des masques et de vous laver les mains lorsque vous ne pouvez pas vous le permettre et, dans certains cas, de ne pas avoir accès à l'un ou l'autre simplement ne représente rien par rapport à d'autres crises. Beaucoup, malheureusement, croient que la pandémie est une tactique de distraction employée par un gouvernement illégitime. Et beaucoup seront infectés et perdront peut-être leur vie en raison d'un tel scepticisme.
Pourtant, à la fin, les Haïtiens seront crédités pour leur « résilience ». La résilience a peu de valeur lorsque la survie est tout ce à quoi vous pouvez aspirer. Cela peut conduire à la complaisance, voire à la démission. Haïti n'est pas unique à cet égard, de nombreux pays du Sud ont enduré le côté perdant de la modernité, du capitalisme et de la mondialisation. Une pandémie comme celle-ci a beaucoup moins de « valeur de choc » lorsque vous avez survécu au génocide, à la guerre, à la famine, aux programmes d'ajustements structurels, à l'épidémie de VIH/sida, aux tremblements de terre et à d'autres catastrophes. Il y a moins à craindre quand vous avez si peu à perdre.
Pourtant, pour ceux du Nord qui ont vécu une vie de privilèges (même relatifs), cette pandémie a le potentiel de bouleverser la vie telle qu’ils en sont venus à la connaître. De nombreuses puissances capitalistes, comme les États-Unis, doivent faire face à la menace du chômage qui peut très rapidement conduire à la faillite et à la pauvreté. Même parmi les social-démocraties d'Europe, le changement de style de vie que cette santé et la catastrophe économique qui en résultera entraînera pour beaucoup est tout à fait inimaginable. Le niveau de précarité, d'instabilité et d'incertitude fait peur en raison de sa nouveauté. Les crises ou catastrophes, comme celles-ci, sont censées se produire dans des terres éloignées et, éventuellement, dans des communautés pauvres et marginalisées peuplées par des gens de ces mêmes terres éloignées. Ironiquement, il s'agit d'une des rares fois dans l'histoire où les migrants et les travailleurs pauvres ont été reconnus comme des « travailleurs essentiels » malgré le caractère indispensable de leur travail. Ils ont été appelés à devoir mettre leur vie en danger car ils n'ont pas le luxe de travailler à distance. De telles crises ne sont pas censées se produire dans les sociétés modernes et avancées. Pourtant, ici, nous vivons tous ensemble vulnérabilité et incertitude.
Maintenant que la catastrophe est à la porte de tous, elle est un signal d'alarme pour ceux qui ont profité de la mondialisation mais n'ont jamais eu à compter avec son bilan quotidien sur la vie humaine. Nous vivons une vulnérabilité collective ; la plupart d'entre nous sont confrontés à la menace d'une infection avec une possibilité limitée de tests, il y a une ruée mondiale pour les ventilateurs et la pénurie d'équipements de protection individuelle (EPI) a fait de tous les hôpitaux des sites à risque. Des mois d'incertitude nous attendent alors que nous attendons avec impatience un vaccin pour mettre fin à ce cauchemar. Les frontières sont floues entre les pays développés et les pays en développement.
Ce qui nous attend tous, au Nord comme au Sud, est l'occasion de réexaminer le paradigme du développement véhiculé par les forces du capitalisme mondial et de son « ordre mondial » ainsi que nos rôles dans celui-ci. C'est dans ces moments critiques de « vie et de mort » que nos valeurs fondamentales sont révélées. La manière dont les gouvernements répondent aux besoins des citoyens, la manière dont nous traitons nos voisins (dans nos communautés, les migrants dans nos pays et les pays avec lesquels nous partageons des frontières) et la façon dont nous habitons le monde à partir de ce moment nous révéleront notre véritable identité. C'est notre chance de mettre fin aux souffrances humaines inutiles et de créer un nouveau cadre pour le développement humain et la croyance en matière de droits des citoyens du monde. Les conséquences de faire autrement seraient inimaginables.
Bibliographie
Charles, J. (2020, April 20). Haiti confirms COVID-19, closes airports to all flights | Miami
Herald. Miami Herald. Retrieved from https://amp.miamiherald.com/news/nation-
world/world/americas/haiti/article241362616.html?__twitter_impression=true
Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA). (2012). Haiti: Perspective sur la sécurité alimentaire. Port-au-Prince: Gouvernement d’Haïti.
Davis, M. (2006). Planet of Slum. London: Verso.
DINEPA (National Directorate for Water Supply and Sanitation). (2013). National plan for the elimination of cholera in Haiti, 2013-2022. Port-au-Prince: Ministry of Public Health and Population.
Gage, A.D., Leslie, H.H., Bitton, A., Jerome, J.G., Thermidor, R., Joseph, J.P. and Kruk, M.E. (2017). Assessing the quality of primary care in Haiti. Bulletin of the World Health Organization, 95: 182-190. http://dx.doi.org/10.2471/BLT.16.179846.
Geffrard, R. (2020a, March 27). Le gouvernement crée une cellule scientifique pour lutter contre le coronavirus. Le Nouvelliste. Retrieved at: https://lenouvelliste.com/article/214134/le-
gouvernement-cree-une-cellule-scientifique-pour-lutter-contre-le-
coronavirus/amp?__twitter_impression=true
Geffrard, R. (2020b, April 14). Le port du masque est “indispensable” aujourd’hui, selon Jovenel. Retrieved at : https://lenouvelliste.com/article/214843/le-port-du-masque-est-indispensable-aujourdhui-selon-jovenel-moise.
Gelting, R., Bliss, K., Patrick, M., Lockhart, G., and Handzel, T. (2013). Water, sanitation and hygiene in Haiti: Past, present, and future. American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, 89(4): 665-670.
Institut Haïtien de l’Enfance (IHE) et ICF. (2018). Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS-VI 2016-2017) Pétion-Ville, Haïti, et Rockville, Maryland: IHE et ICF.
Inter-American Development Bank (IDB). (2009). Haiti Invests Heavily in Rebuilding Roads. Retrieved from: https://www.iadb.org/en/news/webstories/2009-04-13/haiti-invests-heavily-in-rebuilding-roads,5339.html
Interuniversity Institute for Research and Development (INURED). (2017). After Hurricane Matthew: Resources, Capacities, and Pathways to Recovery and Reconstruction of Devastated Communities in Haiti. Retrieved at: http://www.inured.org/uploads/2/5/2/6/25266591/reportonline__051117.pdf.
Le Nouvelliste (2020). https://lenouvelliste.com/article/215638/le-gouvernement-jouthe-rend-obligatoire-le-port-du-masque-dans-les-lieux-publics-sous-peine-de-sanctions. Publié le 2020-05-03.
McMichael, A.J. (2013). Globalization, climate change and human health. New England Journal of Medicine, 368(14):1335-43.
Merrifield, A. (2014). The New Urban Question. London: Pluto Press.
Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). (2020a). Avi-17: 41 Ka Konfime nan Peyi Dayiti. Port-au-Prince: Gouvernement d’Haïti.
Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). (2020b). Plan de Preparation et de Reponse du MSPP au Coronavirus. Retrieved from
https://mspp.gouv.ht/site/downloads/Plan de Préparation et de Réponse du MSPP au
CoronaVirus.pdf
Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (MTPTC). (2017). Les transports. Retrieved on March 5, 2019 at: http://www.mtptc.gouv.ht/accueil/les-defis/page_transports.html
Moise, J. (2020). Le Nouvelliste. Retrieved from: https://lenouvelliste.com/article/214843/le-port-du-masque-est-indispensable-aujourdhui-selon-jovenel-moise
Sénat, J. D. (2020). Coronavirus : 2 cas confirmés en Haïti, Jovenel Moïse décrète
l’état d’urgence sanitaire. Le Nouvelliste. Retrieved from
https://lenouvelliste.com/article/213751/coronavirus-2-cas-confirmes-en-haiti-jovenel-moise-decrete-letat-durgence-sanitaire/amp
World Bank. (2020). Haiti at a Glance. Retrieved from: https://www.worldbank.org/en/country/haiti/overview